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Europe Ecologie / Les Verts à Sucy-en-Brie
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24 octobre 2010

Atlas du sud-est du Val de Marne (3) : la dépendance automobile

Après avoir étudié la distribution des revenus et celle des emplois, nous passons à l'analyse d'un indicateur fondamental en matière de développement durable : le nombre d'automobiles par ménage. Il s'agit d'un puissant révélateur à la fois des inégalités en matière de revenu et des inégalités en matière d'accès aux transports en commun. C'est aussi un indicateur très politique, tant l'automobile a fini par créer une véritable "dépendance" chez ses utilisateurs, dépendance qui est exploitée sans vergogne par des lobbies politico-industriels


1. Critère retenu : le nombre d'automobile par ménage au recensement de 2007

Il faut commencer cette chronique par un grand coup de chapeau à l'INSEE qui vient de publier le 1er septembre 2010 l'ensemble des données du recensement de 2007 par IRIS c'est-à-dire par quartiers pour l'ensemble de la France entière. Les données sont accessibles sur le site des données infracommunales du recensement 2007. On peut y télécharger aussi bien les données relatives aux habitants, aux logements, aux emplois ...et y trouver aussi bien la pyramide des âges que le nombre de naissances, de chômeurs, de cadres, etc dans chaque quartier de la France entière ! Le seul problème est la taille gigantesque des fichiers (de 20 à 40 Mo chacun) et la difficulté à passer des données statistiques aux cartes (le fond de carte des IRIS ne pouvant être téléchargé que commune par commune). A quand un outil de cartographie interactive accessible au grand public ?

En attendant, les Verts de Sucy s'efforcent de vous informer en produisant quelques cartes intéressantes pour le débat citoyen. Cette semaine, nous allons nous intéresser à la distribution des ménages (habitants d'un même logement) en fonction du nombre d'automobiles qu'ils possèdent. L'INSEE nous fournit à la fois le nombre de ménages total, ceux qui ont une seule automobile et ceux qui en ont deux ou plus. On peut donc en déduire par soustraction le nombre de ménages qui n'ont pas d'automobile et construire une typologie des quartiers selon que les habitants ont un nombre plus ou moins important d'automobiles à l'aide d'un diagramme triangulaire

automenage_legendejpg

 

Sur ce graphique, chaque point représente un quartier en fonction du % de ménages qui ont 0, 1 ou plus de deux automobiles. Par exemple, les points verts foncés correspondent aux quartiers où 50% des ménages n'ont pas d'automobile (majorité absolue) tandis que les points verts clairs sont ceux ou la majorité relative des habitants n'ont pas d'automobile (exemple : 40% sans automobile, 35% avec une automobile et 25% avec deux automobiles).   On définit de la même manière les quartiers où les habitants ayant deux automobiles représentent la majorité absolue (rouge foncé) ou la majorité relative (rouge clair). Idem pour le cas le plus fréquent où les ménages ayant une seule automobile représentent la majorité absolue (jaune foncé) ou la majorité relative (jaune clair). On peut alors réaliser une cartographie de la situation automobile des ménages à l'échelle de l'ensemble des quartiers du Val de Marne.

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Télécharger le graphique au format PDF

Télécharger la carte au format PDF

Cette première carte permet de repérer d'emblée la singularité du sud-est du Val-de-Marne, caractérisé par la présence majoritaire de ménages ayant deux automobiles ou plus (rouge ou rose foncé) tandis que les quartiers les plus proches de Paris (en vert) sont les seuls où l'on trouve parfois une majorité de ménages sans automobile. Ceci est évidemment lié à la présence d'une plus forte densité de transports en commun mais aussi d'emplois à proximité de leur domicile. La situation dominante du Val-de-Marne est en tous les cas celle de ménages ayant le plus souvent une seule automobile (en jaune).

2. Le taux de dépendance automobile dans le Val de Marne : le rôle des transports en commun

Pour pouvoir synthétiser plus efficacement la dépendance automobile, nous avons procédé à une estimation minimale du nombre d'automobiles dans chaque quartier en faisant l'hypothèse que les ménages ayant deux automobiles ou plus en ont exactement deux. Par exemple, l'INSEE nous indique que le quartier Notre-Dame/les Bruyères de Sucy-en Brie comporte 917 ménages dont 388 ont une seule automobile et 493 ont deux automobiles ou plus. On en déduit que 36 ménages seulement n'ont pas d'automobile dans ce quartier riche et excentré (soit 917-388-493). On peut alors estimer le nombre minimal d'automobiles à 1373 (soit 36x0 + 388 x 1 + 493 x 2), sachant qu'il est sans doute supérieur puisque nous avons compté seulement 2 automobiles en moyenne pour les ménages en ayant "2 ou plus". On peut alors calculer la dépendance automobile de ce quartier en divisant le nombre minimum d'automobile par le nombre de ménage, ce qui donne 1.50 automobiles par ménage (soit 1373/917). On pourrait également calculer le nombre d'automobiles par habitant, mais il semble préférable de s'en tenir au critère des ménages.

Le niveau moyen de dépendance automobile dans le Val de Marne est de 0.9 automobile par ménage mais cette valeur de référence cache de gigantesques différences puisque les valeurs observées dans les différents quartiers vont de moins de 0.5 dans certains quartiers de Vincennes proches de Paris à plus de 1.6 dans des communes périphériques comme Santeny.

dependance_auto_2007jpg 

Téléchargez la carte au format PDF

Ce qui frappe à l'évidence au vu de cette carte est la relation nette entre la dépendance automobile et la distance à Paris et, plus généralement, la distance aux réseaux de transport en commun (RER, métro, bus en site propre, ...). Beaucoup plus que le revenu des habitants (qui intervient tout de même aussi), on est frappé de voir à quel point les angles morts du réseau de transport en commun constituent des niches majeures pour l'automobile.

Il faut également souligner que ces angles morts du transport en commun sont aussi des zones à faible densité, souvent occupées par de grands massifs forestiers (Forêt Notre Dame) ce qui rend difficile et non-rentable la mise en place d'infrastructures lourdes de type RER. On y trouve en revanche de grandes rocades autoroutières (francilienne) qui ont été à l'origine d'une urbanisation opportuniste provoquant un mitage irréversible des espaces agricoles et naturels.

C'est bel et bien une cartographie du développement non-durable qui est mise en évidence par cette cartographie de la dépendance automobile, et on comprend mieux à quel point le concept de ville dense est important pour réduire à la fois les nuisances automobiles et la destruction des espaces naturels. De ce point de vue, le sud-est du Val de Marne apparaît comme l'espace le plus pathologique en matière de dépendance automobile.


3. Zoom sur le Haut Val de Marne : le rôle de la richesse par habitant et de l'urbanisation sauvage

zoom_autojpg

La communauté de commune du Haut-Val-de-Marne rassemble 38703 ménages selon le recensement de 2007. Parmi ceux-ci, on en trouve 5778 (15%) n'ayant pas de voiture, 19364 (50%) ayant une seule voiture et 13561 (35%) ayant deux voitures ou plus. On peut donc calculer que les 7 communes rassemblent au minimum 46487 voitures (et sans doute plus !) ce qui donne un taux de dépendance automobile de 1.20 automobiles par ménage pour la Communauté de Communes du Haut-Val-de-Marne, ce qui est beaucoup plus que la moyenne du département (0.90). On pourrait certes objecter que les ménages sont souvent de plus grande taille en périphérie (familles avec enfant) ce qui expliquerait un nombre plus élevé d'automobiles. Mais la véritable raison est bel et bien l'éloignement des infrastructures de transport collectif qui est liée au développement de lotissements isolés de maisons individuelles, destinés souvent aux populations les plus aisées.

On notera également avec intérêt que la relation entre dépendance automobile et revenu médian des habitants est très forte dans les communes du Haut-Val-de-Marne, alors qu'elle ne joue guère lorsque l'on se rapproche de Paris.

coreljpg

Le graphique montre très clairement que les quartiers à haut revenus sont clairement ceux qui utilisent le plus l'automobile dans le Haut Val de Marne, précisément parce qu'ils se sont implantés loin des gares dans des lotissements dits "de prestige" qui sont en fait des espaces de refuge pour se retrouver "entre soi". On ne trouverait pas une telle corrélation près de Paris ou même à Saint-Maur, car ici les habitants riches forment des masses plus compactes sur de vastes territoires et ils n'ont pas forcément besoin de s'isoler pour se retrouver "entre soi" ... Ils utilisent donc moins l'automobile et n'hésitent pas à utiliser à leur tour les transports en commun.

On le voit, il faut faire appel non seulement à la géographie ou l'économie mais aussi à la sociologie et l'histoire pour comprendre la situation actuelle de dépendance automobile des quartiers des communes du Haut-Val-de-Marne. Il est en tous les cas plaisant de constater que justice sociale et développement durable marchent ici ensemble car ce sont les plus modestes qui sont les plus respectueux de l'environnement et les plus riches qui détruisent l'environnement et subissent de plein fouet la dépendance automobile. Réduire les inégalités sociales de revenu pourrait donc être plus que bénéfique pour l'environnement !

Claude Grasland
Militant Vert, Sucy-en-brie


ANNEXE : Données statistiques sur la dépendance automobile des quartiers du Haut Val de Marne


statjpg


 

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Commentaires
J
Je commence par indiquer une carte avec les noms des communes. C'est plus simple quand on parle de communes. <br /> http://www.val-de-marne.pref.gouv.fr/sections/rubriques/vie_politique/decoupages/cartographie_des_com/downloadFile/file/Carte_communes.pdf?nocache=1189162661.32<br /> <br /> On peut voir que dans les communes très mal desservies par les transport en commun, le Plateau briard,la Queue en Brie, Ormesson et certains quartiers de Fresnes et Rungis les familles ont majoritairement plus de 2 voitures, s'ils en ont les moyens financiers. Avec moins de moyens financiers, elles en ont 2 à moins de 50% comme dans certains quartiers de Mandres les Roses, Marolles en Brie et Villecresnes, qui votent à gauche. <br /> Les quartiers où les familles majoritairement n'ont pas de voiture se trouvent à Bonneuil très fortement bien que très loin des TC, puis Ivry et certains quartiers de Maisons-Alfort et du Kremlin-Bicêtre. <br /> Ensuite, il faut bien distinguer des écolos environnementalistes qui s'approchent des bois et où sont majoritaires les familles à 2 voitures mais à moins de 50%. C'est le haut de Boissy St Léger, de Sucy, Noiseau, Chennevières et le Plessis-Trévise. <br /> Majoritairement sans voiture, mais à moins de 50%, serait-ce des vrais écolos anti-voiture personnelle ? En tous ces familles se trouvent à Ablon, Villeneuve le Roi, Maisons-Alfort, Alfortville, Vincennes, Ivry, Gentilly, Villejuif, là où les écologistes ont fait leurs meilleurs scores ces derniers temps.<br /> Un cas à part, celui de Villeneuve St Georges qui est pauvre comme Bonneuil, mais avec plus de voitures par famille. Serait-ce parce que le Front national y fait son meilleur score, en s'appuyant sur une population à bas revenu mais attachée viscéralement à la voiture ? <br /> <br /> En terme de projet de transports en commun, il est évident que la meilleure façon de supprimer des voitures c'est de donner la possibilité de se détacher d'au moins une voiture. Il faut donc qu'Arc Express ou le Grand Paris passe le plus proche possible des villes colorées en rouge. <br /> <br /> C'est ce que j'ai toujours souhaité. J'ai été le seul au sein d'Orbival ou des Verts du 94 à défendre cette position depuis bientôt 3 ans. <br /> Je suis heureux qu'une telle étude en montre enfin le bienfait.
J
Pas mal Claude. Bon, la « caisse », hum…., hum…. Tu touches un mythe, un tabou, quelque chose de fondamental dans notre société occidentale, ça demande une réflexion qui dépasse largement un graphique ou une carte de géographe écolo, ça touche la philosophie de la vie, l’économie, la sociologie,… un des problèmes les plus importants de notre vie de tous les jours,… et nous les écolos, nous avons des réponses et des pratiques quotidiennes tellement différentes, alors imagine le reste de la population.<br /> Bon, tu attaques par un bout de la lorgnette, sous entendu, tu mêles cela à l’habitat et aux transports. C’est bien et c’est juste. Restons sur cette base, mais je souhaite revenir sur d’autres aspects du problème « bagnole » un peu plus tard.<br /> Je vais rester sur la carte « Nombre d’automobile par ménage 94 en 2007. http://storage.canalblog.com/40/24/468774/58305505.pdf<br /> Comme tu le dis, pas de surprise. Entre Santeny et St Mandé, y’a pas photo. St Mandé, Montreuil, … nous sommes à Paris, pourquoi avoir une auto ? Pas pour les déplacements quotidiens pour aller au boulot, pour les vacances, ça se discute, on peut s’en passer en utilisant TGV, l’avion ou des alternatives proposées par Jean-Pierre et ses copains. Santeny, on a du pognon, certes, mais pour le sport des mômes, les courses, le job, une mais plus surement deux sont nécessaires, on n’a pas le Monoprix à côté de la maison. Remarque, si t’habites à Lésigny, Santeny ou aux Bruyères de Sucy, t’es à côté de la forêt, c’est quand même mieux que le lac de Créteil ou le Bois de Vincennes. Si t’as pas un rond, que tu habites Limeil, ou La Haie Griselle, tu galères et si t’as une caisse d’occase, t’es bien content. Dans ce cas là, pas de caisse ou une seule, c’est pas parce que t’es écolo, mais parce que tu es pauvre et à faible revenu. C’est la limite du graphique proposé.<br /> Une autre limite du graphique, c’est l’absence du nouveau transport urbain essentiellement masculin, le 2 roues, pas le vélo, mais le scooter, du 2 temps surtout, le plus polluant des modes de transport,… mais le plus rapide.<br /> Tu écris que « le sud-est du Val de Marne apparaît comme l'espace le plus pathologique en matière de dépendance automobile », oui, évidemment, mais :<br /> 1. Ce développement des cités horizontales, Bois Clary, Bruyères, Marolles, Santeny ….. près de la forêt ND, loin des commerces est durable, on ne va pas les raser. On doit en tenir compte et éviter que ça recule de 20 à 30km vers la Seine et Marne. Et il faut des transports en commun, rapides et efficaces.<br /> 2. On doit préférer les Eco quartiers près du boulot, dans un environnement boisé et agréable, genre Créteil, près des transports en commun, pour nous dans la plaine entre Limeil et Pompadour.<br /> 3. Je mets une réserve sur la fin de ton article. Moi, je voulais acheter à Créteil, j’aurais pu continuer à louer, mais nous avons acheté. C’était trop cher,… St Maur, fallait pas y penser. Je suis venu au Bois Clary, près du RER, pour les lycées et surtout la forêt. J’ai acheté une ruine plein Sud que j’ai retapé sans gros investissements écolos, trop chers pour moi. <br /> 4. Comme moi de nombreuses familles viennent à Brie CR, La Queue en Brie, Villecresnes ou dans les immeubles de Lésigny à coût plus faible, en prenant de forts crédits,… On n’a pas le choix, les Eco quartiers dans le Haut Val de Marne, ça N’EXISTE PAS !! Et à quel prix on va les construire ?<br /> Jeanjo du Bois Clary à Boissy StL.
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